Une planche, des coloristes
Décidément, Clément Oubrerie est à l’honneur cette année ! En plus de réaliser l’affiche du festival et de proposer un spectacle musical dessiné, lui est consacrée une exposition pour redécouvrir ses différents albums. Il fallait bien cela pour donner la mesure qu’impose le travail de Clément Oubrerie.
Un peu Stakhanoviste, ses livres sortent avec une régularité de métronome, tantôt pour développer une série qu’il sait enrichir à chaque nouvelle livraison, tantôt pour jeter un caillou dans un nouveau jardin comme il a pu le faire avec Zazie dans le métro ou Mâle occidental contemporain. Une chose est certaine, on reconnaît son coup de patte nerveux au premier regard. Digne héritier d’une tendance spontanée du trait de bande dessinée, sous sa plume, les choses et les gens prennent littéralement vie, Clément dessinant plus les émotions de ses personnages qu’une réalité documentaliste.
Né à Paris, il a suivi des études d’art avant de partir rouler sa bosse aux États Unis. Là-bas il fait tout un tas de métiers et publie ses premiers livres pour la jeunesse. Revenu en France, il réalise des bandes dessinées et s’investit dans la production audiovisuelle, co-fondant Autochenille Production, studio d’animation auquel on doit Le Chat du rabbin et l’adaptation de Aya de Youpougon, que Clément a coréalisé avec Margaret Abouet.
Ses inspirations sont multiples, on l’a découvert avec les frasques pleines de soleil et d’exotisme de Aya, bien sûr. Cette adolescente qui vit la Côte d’Ivoire d’une manière fraîche et espiègle, comme une sitcom dont on aimerait partager le casting. Cette série doit évidemment beaucoup à Marguerite Abouet, sa scénariste. Mais le dessin a su trouver le ton idéal pour montrer l’Afrique. Comme il a su trouver la bonne distance pour raconter Picasso, à travers les mots de Julie Birmant cette fois, donnant une âme au surdoué de la peinture sans tomber dans l’hagiographie flatteuse. Son Pablo peint, bois, éructe, virevolte mieux que ne saurait le faire un acteur.
Le trait de Clément fait évidemment songer à l’univers de Joann Sfar et ce n’est pas par hasard qu’on retrouve leur deux noms associés pour raconter les aventures du renard Jeangot, biographie déguisée de Django Reinhardt, mais là aussi, en plus vivant, plus frais, plus marrant.
Biographie encore avec le plus récent Voltaire amoureux, mais même érudition dans la recherche d’authenticité.
Tout juste sorti également, le premier volet des aventures de Renée Stone, Meurtre en Abyssinie. Des planches de toute beauté pour se baigner dans les années 1930 pour une course poursuite tout autour du monde…
L’exposition revient sur le riche parcours de cet artiste prolifique, offrant un coup de projecteur à l’ensemble de ses travaux, autour de l’arbre à palabres, celui autour duquel Aya et son ami se racontent les meilleures histoires…
Le trait de Clément Oubrerie se cache derrière une impression d’approximation et de facilité, c’est évidemment pour mieux nous mettre à l’aise et nous embarquer à son bord, pour nous emmener dans une vie d’aventures comme le fait la corsaire agrippée à son mat sur les affiches de ce Quai des Bulles cuvée 2018.
Dates Du 12 au 14 octobre
Lieu Salle Vauban 1&2, Palais du Grand Large
Public Tous publics
Thématique Grand public
Scénographie Annes des Prairies, Nicoby